Barrage

Un barrage est un ouvrage d'art construit en travers d'un cours d'eau et conçu pour en retenir l'eau. Par extension, on nomme barrage tout obstacle positionné sur un axe de communication...



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Barrage - Énergie renouvelable - Utilisation durable des ressources naturelles

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Définitions :

  • ouvrage artificiel servant à créer une retenue d'eau pouvant servir à produire de l'énergie, à réguler un cours d'eau, à ... (source : stephanoise-eaux)
Article principal : Énergie hydroélectrique.
Le barrage Daniel-Johnson, localisé à 214 km au nord de la ville de Baie-Comeau, au Québec.
Barrage de Limmern (canton de Glaris, Suisse)
Barrage Hoover, États-Unis
Canalisation de décharge du barrage de Matsumoto (préfecture de Nagano, Japon)
L'écologie des berges des plans d'eau artificiels peut être perturbées par variations brutales de niveau.
Chapelets d'étangs créés par des barrages sur petits cours d'eau, du Moyen-Âge au XVIIIe siècle (France, selon la carte de Cassini)
Barrage sur la Toutle River (comté de Cowlitz, État de Washington (États-Unis), édifié en 1986-1989 par le génie militaire américain non pas pour retenir de l'eau mais pour stocker une partie des sédiments provenant de l'éruption majeure du volcan de Mont Saint Helens en 1980.

Un barrage est un ouvrage d'art construit en travers d'un cours d'eau et conçu pour en retenir l'eau. Par extension, on nomme barrage tout obstacle positionné sur un axe de communication et conçu pour permettre un contrôle sur les personnes et/ou les biens qui circulent (barrage routier, barrage militaire).

Lorsque le barrage est submersible, on parle plutôt de chaussée ou de digue (ce dernier terme est aussi préféré à celui de barrage quand il s'agit de canaliser un flot et non de créer une étendue d'eau stagnante).

Un barrage fluvial permet par exemple la régulation du débit d'une rivière ou d'un fleuve (facilitant ainsi le trafic fluvial), l'irrigation des cultures, une prévention relative des catastrophes naturelles (crues, inondations), par la création de lacs artificiels ou de réservoirs. Un barrage autorise aussi, sous certaines conditions, la production de force motrice (moulin à eau) et d'électricité (on parle alors de barrage hydroélectrique), à un coût économique acceptable, le coût environnemental étant plus discuté (cf. fragmentation écopaysagère, phénomènes d'envasement à l'amont du barrage, dégradation de la qualité de l'eau).

Cependant, plus un projet est ambitieux, plus ses conséquences sont lourdes : en noyant des vallées entières, la construction d'un barrage peut provoquer à la fois des bouleversements humains en forçant des populations entières à se déplacer, et avoir un impact écologique non négligeable en changeant principalement l'écodispositif local.

Histoire

Les barrages existent certainement depuis la préhistoire (réserve d'eau potable, d'irrigation, viviers, piscicultures) mais c'est au Moyen Âge qu'ils se sont fortement développés en Europe pour alimenter les moulins à eau. Il semble qu'ils aient quelquefois pu s'appuyer sur des sédiments accumulés en amont d'embâcles naturels, ou sur les lieux de barrages de castors dont la toponymie conserve des traces (par exemple en France avec le mot bief et bièvre (ancien nom de castor) qui pourraient être liés, ou avec des noms de communes tels que Beuvry (un des anciens noms de castor) ou Labeuvrière (la «castorière»). Les cartes anciennes, de Cassini par exemple, portent témoignage des nombreux barrages de petites rivières faits par les paysans ou les moines locaux, pour conserver l'eau et y élever du poisson ou pour le rouissage du lin ou du chanvre.

En conservant des volumes d'eau et une hauteur d'eau plus importante en saison sèche, ces barrages ont aussi pu tamponner les fluctuations estivales des nappes (car toutes choses identiques d'autre part, c'est la hauteur d'eau qui contrôle la vitesse de percolation, cf. Loi de Darcy).

Quelques exemples de grands barrages dans le monde

Généralités

Un barrage est soumis à plusieurs forces. Les plus significatives sont :

  • la poussée hydrostatique exercée par l'eau sur son parement exposé à la retenue d'eau ;
  • les sous-pressions (poussée d'Archimède), exercées par l'eau percolant dans le corps du barrage ou la fondation ;
  • les éventuelles forces causées par l'accélération sismique.

Pour résister à ces forces, deux stratégies sont utilisées :

  • construire un ouvrage suffisamment massif pour résister par son simple poids, qu'il soit rigide (barrage-poids en béton) ou souple (barrage en remblai)  ;
  • construire un barrage capable de reporter ces efforts vers des rives ou une fondation rocheuse résistantes (barrage-voûte, barrage à voûtes multiples…)

Éléments de calcul

Un barrage est soumis à une force horizontale liée à la pression exercée par l'eau sur sa surface immergée. La pression hydrostatique p en chaque point dépend de la hauteur d'eau au-dessus de ce point.

p = ρ x g x h

avec :

ρ : masse volumique de l'eau, à peu près 1000 kg. m-3

g : gravitation, à peu près 10 m. s-2

h : hauteur d'eau au-dessus du point reconnu.

La force F résultante est la somme des pressions hydrostatiques s'exerçant sur la surface immergée du barrage.

F = \int_{S}ˆ{} pÐ

Cette formule ne s'intègre pas "à la main" pour les barrages à géométrie compliquée. Par contre, une expression analytique peut être obtenue pour un élément de barrage poids (un "plot", de largeur L, et de hauteur immergée constante H).

F = ρ. g. L \int_{0}ˆ{H} hÐ

avec :

H : hauteur totale du barrage en contact avec l'eau.

L : largeur totale du plot reconnu.

d'où :

F = ρ. g. L. 1/2. h2

On voit dans cette formule que la poussée exercée par l'eau sur un barrage augmente avec le carré de la hauteur de la retenue (ce qui est vrai pour tout type de barrage). Elle ne dépend en aucun cas du volume d'eau stocké dans la retenue.

Les calculs ci-dessus ne concernent que les barrages en matériaux rigides (béton, maçonnerie…), quel que soit leur type (poids, voûte, contreforts…). Par contre l'intégration par plots ne peut concerner que les barrages de type poids ou contreforts. Pour les voûtes, les efforts étant reportés latéralement, un calcul par plot ne prenant en compte que les forces verticales ne s'applique pas. Par contre, en ce qui concerne les barrages en matériaux meubles (sol, terre, enrochements, remblais…), les calculs sont apparentés à des calculs de stabilité de pente des talus qui doivent prendre en compte l'état saturé ou non de ces remblais.

Études hydrauliques

En hydraulique le modèle réduit est particulièrement utilisé pour les études de mécanique des fluides des ouvrages tels que ports, digues, barrages, etc. On utilise dans ces cas-là la vraisemblance du nombre de Froude.

Barrage poids
Barrage poids

Un barrage poids est un barrage dont la propre masse suffit à résister à la pression exercée par l'eau. Ce sont des barrages fréquemment assez épais, dont la forme est le plus souvent simple (leur section s'apparente dans la majorité des cas à un triangle rectangle. On compte deux grandes familles de barrages-poids, les barrages poids-béton, et les barrages en remblais (ces derniers n'étant d'ailleurs le plus souvent pas qualifiés de barrage-poids, mais de barrage en remblais).

Même si les barrages voûtes ou à contrefort nécessitent moins de matériaux que les barrages poids, ces derniers sont toujours particulièrement utilisés aujourd'hui. Le barrage-poids en béton est choisi quand le rocher du site (vallée, rives) est suffisamment résistant pour supporter un tel ouvrage (sinon, on recourt aux barrages en remblais), et quand les conditions pour construire un barrage voûte ne sont pas réunies (cf. ci-dessous). Le choix de la technique est par conséquent en premier lieu géologique : une assez bonne fondation rocheuse est indispensable. Mais il faut aussi disposer des matériaux de construction (granulats, ciment) à proximité.

La technologie des barrages-poids a évolué. Jusqu'au début du XXe siècle (1920-1930), les barrages poids étaient fabriqués en maçonnerie (il existe énormément de barrages de ce type en France, surtout pour l'alimentation en eau des voies navigables).

Un barrage-poids évidé : le barrage amont d'Aussois en Savoie

Plus tard, c'est le béton conventionnel qui s'est vu consacré.

Depuis 1978, une nouvelle technique s'est substituée au béton conventionnel. Il s'agit du béton compacté au rouleau. C'est un béton (granulats, sable, ciment, eau) avec peu d'eau, qui a une consistance granulaire et pas liquide. Il se met en place comme un remblai, avec des engins de terrassement. Il présente le principal avantage d'être nettement moins cher que le béton classique.

Le barrage de la Grande-Dixence en Suisse est un barrage-poids.

Barrage voûte

Article principal : Barrage voûte.
Barrage voûte
Un barrage-voûte : le barrage de Monteynard

La poussée de l'eau est reportée sur les flancs de la vallée au moyen d'un mur de béton arqué horizontalement, et quelquefois verticalement (on la qualifie alors de voûte à double courbure).

La technique de barrage-voûte nécessite une vallée plutôt étroite (même si des barrages voûtes ont été quelquefois fabriqués dans des vallées assez larges, poussant cette technologie à ses limites) et un bon rocher de fondation. Même quand ces conditions sont réunies, le barrage-voûte est actuellement fréquemment concurrencé par les barrages-poids en béton ou le barrage en enrochements, dont la mise en œuvre peut être davantage mécanisée.

Par le peu de matière utilisée, c'est bien entendu une technique particulièrement satisfaisante économiquement.

Cependant, la plus grande catastrophe de barrage vécue en France (Malpasset, au dessus de Fréjus, le 2 décembre 1959) concernait un barrage-voûte en cours de mise en eau ; c'est la fondation (et non pas le barrage lui-même) qui n'a pas supporté les efforts appliqués par la retenue.

Avant cet accident (et, pour certains, actuellement toujours), la voûte est reconnue comme le plus sûr des barrages. Malpasset est l'unique cas connu de rupture d'un barrage-voûte.

On rencontre aussi des barrages avec plusieurs voûtes comme le barrage de l'Hongrin en Suisse.

Barrage contreforts ou multivoûtes

Barrage contreforts

Quand les appuis sont trop distants, ou quand le matériau local est tellement compact qu'une extraction s'avère presque impossible, la technique du barrage à contreforts sert à réaliser un barrage à grande économie de matériaux.

Le mur plat ou multivoutes (Vézins, Migoëlou ou Bissorte) en béton s'appuie sur des contreforts en béton armé encastrés dans la fondation, qui reportent la poussée de l'eau sur les fondations inférieures et sur les rives. Un des exemples principal de ce type est le barrage Daniel-Johnson au Québec, Canada.

Barrages mobiles à aiguilles

Dispositif Poirée :1=aiguille, 2=appui, 3=passerelle, 4=fermette, 5=pivot, 6=heurtoir, 7=radier

Le barrage mobile ou à niveau constant, a une hauteur limitée ; il est le plus souvent édifié en aval du cours des rivières, plutôt à l'endroit où la pente est la plus faible. On utilise le plus souvent ce type de barrage dans l'aménagement des estuaires et des deltas.

Selon le type de construction le barrage mobile peut-être :

  • Le barrage à aiguilles, crée par l'ingénieur Charles Antoine François Poirée en 1834, qui, s'inspirant des anciens pertuis, étendit le dispositif sur toute la largeur du cours ; perfectionnant énormément la navigation fluviale dès la moitié du XIXe siècle. Le premier fut établi par Charles Antoine François Poirée sur l'Yonne, à Basseville, près de Clamecy (Nièvre).
barrage à aiguilles, Fumay, Ardennes
Le dispositif Poirée consiste en un rideau de madriers mis verticalement côte à côte barrant le lit du fleuve. Ces madriers ou aiguilles d'une section de 8 à 10 cm et longues de 2 à 4 m, selon les barrages, viennent s'appuyer contre un butoir (ou heurtoir) du radier (sur le fond) et sur une passerelle métallique constituée de fermettes.
Ces fermettes peuvent pivoter pour s'effacer sur le fond en cas de crue et laisser le libre passage aux eaux. Les fermettes sont reliées entre elles par une barre d'appui qui retient les aiguilles et une barre de réunion, qui plus est elles forment la passerelle de manœuvre.
Les aiguilles à leur sommet présentent une forme qui permet une saisie aisée. Néanmoins c'est un travail fastidieux, long et dangereux (il faut plusieurs heures et le travail de plusieurs hommes pour mener à bien la tâche). Quoique ce type de barrage soit remplacé par des techniques plus modernes et automatiques ; sur certains barrages toujours existants, les aiguilles de bois sont remplacées par des aiguilles en aluminium remplies de polystyrène (pour la flottabilité en cas de chute dans la rivière), d'un poids bien moindre et plus aisément manœuvrable.
  • A effacement sur le fond de la rivière (seuil (barrage) ) pour permettre l'écoulement total ou en position intermédiaire pour créer un déversoir.

Barrages mobiles à battant

  • A battant ou porte à axe vertical, comme le barrages moderne hollandais (Mæslantkering), ou les portes à la Léonard de Vinci fermant le port-canal de Cesenatico pour empêcher les fortes marées d'envahir les terres.
1=battant, 2=déversoir, 3=vanne à volet, 4=vanne à secteur
  • A battant à axe horizontal avec possibilité d'échapper en aérien quand le débit devient critique, ce qui évite de former un obstacle à l'écoulement des eaux en temps de crue. Ce type de barrage est le plus souvent utilisé pour empêcher l'eau salée de remonter l'estuaire, comme à Volta Scirocco en Italie.
    • La partie fixe correspond à une plate-forme (ou radier) étanche.
    • Une grande vanne à secteur, qui en position de fermeture totale détermine un battant qui s'appuie sur la plate-forme, lorsqu'en position de soulèvement complet, il laisse l'écoulement totalement libre.
    • Une vanne à volet, montée sur la génératrice supérieure de la vanne à secteur, qui sert à régler l'écoulement dans le déversoir et le niveau d'eau désiré en amont du barrage.
L'écoulement de l'eau peut se produire par le dessous du battant quand la vanne à secteur inférieure est soulevée (ce qui permet aussi de nettoyer la surface de la plate-forme), ou bien par le dessus en déversoir, quand la vanne supérieure à volet est abaissée.
Vanne par gravité : A=Lagune, B=mer, 1=socle béton, 2=battant de vanne, 3=air injectée, 4=eau expulsée
  • Barrage mobile à gravité, d'un fonctionnement théoriquement particulièrement simple, la vanne à gravité ne comporte que peu d'éléments mécaniques. C'est un battant, sorte d'enveloppe creuse articulée autour d'une charnière fixée sur un socle de béton.
    • En position repos l'enveloppe se remplit d'eau et descend de son propre poids sur le radier.
    • En position active, de l'air injectée chasse l'eau et permet au battant de remonter par gravité. La hauteur dépend de la quantité d'air insufflée.
    • Un tel procédé est en application dans le Projet Mose qui doit protéger la Lagune de Venise des hautes eaux de l'Adriatique (Acqua alta).
  • Barrage mobile à clapets, d'un fonctionnement identique au barrage à mobile à gravité ci-dessus à la différence près qu'il est mu par deux vérins hydrauliques[1] localisés de part et d'autre du clapet. Il respecte idéalement sa fonction : réguler l'écoulement de la rivière pour maintenir un niveau énormément constant dans le bief amont. Son principal inconvénient est d'être excessivement dangereux pour le touriste nautique. Les poissons ne peuvent le remonter que quand la rivière est en hautes eaux et le clapet totalement baissé.

Barrage en remblais

On nomme barrages en remblais l'ensemble des barrages hydroélectriques constitués d'un matériau meuble, qu'il soit particulièrement fin (argile) ou particulièrement grossier (enrochements).

Cette famille regroupe plusieurs catégories, particulièrement différentes. Les différences proviennent des types de matériaux utilisés, et de la méthode employée pour assurer l'étanchéité.

Le barrage homogène est un barrage en remblai construit avec un matériau suffisamment étanche (argile, limon). C'est la technique la plus ancienne de barrages en remblai.

Le barrage à noyau argileux comporte un noyau central en argile (qui assure l'étanchéité), épaulé par des recharges constituées de matériaux plus perméables. Cette technique possède au moins deux avantages sur le barrage homogène : (1) les matériaux de recharge sont plus résistants que les matériaux argileux, on peut par conséquent construire des talus plus raides et (2) on contrôle mieux les écoulements qui percolent dans le corps du barrage.

Quelques cousins des barrages à noyau : les barrages en remblai à paroi centrale étanche (paroi moulée en béton, paroi en béton bitumineux).

Plus récente, la famille des barrages à masque amont. L'étanchéité est assurée par un "masque", construit sur le parement amont du barrage. Ce masque peut être en béton armé (il se construit aujourd'hui de nombreux et particulièrement grands barrages en enrochements à masque en béton armé), en béton bitumineux, ou constitué d'une membrane mince (les plus fréquentes : membrane PVC, membrane bitumineuse).

Le barrage de Mattmark en Suisse est un exemple de ce type de barrage. En France, le barrage de Serre-Ponçon (deuxième plus grande retenue d'Europe) est un barrage en remblai.

D'autres types de barrages

Un barrage fait à la main sur un ruisseau.

Il existe d'autres catégories de barrages, généralement de taille plus réduite.

Les barrages de stériles miniers sont des barrages fabriqués avec des résidus d'exploitation minière pour créer une zone de stockage de ces stériles. Les barrages sont montés au fur et à mesure de l'exploitation de la mine. Ils s'apparentent aux barrages en remblai.

Les barrages de montagne sont des ouvrages conçus pour lutter contre les effets de l'érosion torrentielle. Ce sont des ouvrages fabriqués en travers des torrents. Ils peuvent interrompre (partiellement ou totalement) le transport solide ; ils peuvent aussi fixer le profil en long d'un thalweg en diminuant l'agressivité des écoulements.

Éléments constitutifs

Selon le type d'utilisation auquel il est destiné, le barrage pourra comprendre plusieurs éléments constitutifs parmi les suivants :

Instrumentation et outils de contrôle

Déversoirs de crue

Le déversoir est une partie du barrage conçue pour évacuer un débit depuis le réservoir amont vers un canal de décharge, il sera surtout utilisé en cas de crue qui pourrait mettre en péril le barrage en faisant augmenter le niveau amont de manière excessive. Certains déversoirs de crue sont équipés de dispositif de vannes servant à contrôler le débit restitué ; les autres déversoir, dits «à seuil libres», sont plus fiable vis à vis des ruptures ou des pannes mécaniques. Le déversoir fait partie des principaux dispositifs assurant la sécurité des ouvrages. Il existe plusieurs types de déversoirs parmi lesquels : le déversoir principal qui permet d'évacuer les crues les plus courantes, les déversoirs auxiliaires qui permettent d'évacuer les excédents de débit du déversoir principal, le déversoir d'urgence qui est défini pour évacuer les crues exceptionnelles (pouvant aller jusqu'à des crues d'occurrence particulièrement faible, avec des périodes de retour de plus de 10 000 ans pour certains ouvrages). La conception d'un déversoir doit répondre à arbitrage entre : les dimensions du déversoir, la quantité d'eau stockée et la quantité d'eau évacuée. Plus cette dernière est grande, plus le déversoir doit être large ou profond. Le déversoir peut être confronté à des problèmes d'érosion, quelquefois liés à la cavitation ou à la turbulence, qui peuvent entraîner sa destruction.

Bassins dissipateur d'énergie

Sert à dissiper l'énergie présente dans l'eau circulant dans le canal de décharge. Le bassin dissipateur d'énergie sert à prévenir l'érosion à l'aval.

Entretien des barrages
Accumulation de débris naturels et anthropiques contre le mur d'un barrage.

Un barrage n'est pas un simple mur plus ou moins solide. Il n'est pas inerte et fait l'objet surveillance sismologique et technique sous plusieurs critères. L'ouvrage vit, travaille et se fatigue suivant les efforts auxquels il est soumis.

Pour des raisons de maintenance des ouvrages, les barrages sont régulièrement inspectés. Chaque année, l'aspect extérieur du barrage est examiné, et périodiquement (tous les 10 ans en France) la retenue d'eau est vidée pour permettre l'accès à la fois à la partie inférieure de l'ouvrage ainsi qu'aux équipements (conduites d'eau, grilles, vannes, etc. ).

Les ouvrages intéressant la sécurité publique sont aussi auscultés, par des capteurs servant à mesurer leurs comportements (mesures de déplacements, de pression d'eau, de débit…). De son état dépend la sécurité des populations installées en aval.

Pour tout autant la probabilité de rupture est extrêmement faible : statistiquement, une rupture par an sur un parc mondial de 16 000 barrages, Chine exclue. En Europe, la probabilité est toujours plus basse. En fait le danger est le plus élevé au moment du premier remplissage, le risque étant cependant bien moins élevé pour les ouvrages en béton que pour ceux en remblais.

En France, les barrages fabriqués dans les Alpes, dans les années 1950 et 1960, au plus fort de l'âge d'or de la houille blanche, sont actuellement parvenus dans une phase de vieillissement qui nécessite des frais de maintenance de plus en plus élevés. EDF estime que la majorité des ouvrages hydrauliques atteignent uniquement la moitié de leur espérance de vie mais a annoncé un important programme d'investissements pour la maintenance et la réhabilitation.

Catastrophes

Un défaut de conception ou d'entretien peut conduire à une catastrophe : si le barrage cède tandis que la retenue d'eau est assez importante, un raz-de-marée peut déferler sur les populations vivant en aval, plus ou moins canalisé par la topographie du cours d'eau sur lequel le barrage était implanté. (voir l'article Catastrophe). En France, une telle catastrophe a eu lieu en 1959 près de Fréjus, au Barrage de Malpasset.

Le film La Folie des hommes (2001), relate les déboires du barrage de Vajont, en Italie, au début des années 1960. Tiré d'un fait réel, le film montre les causes et l'enchaînement des évènements qui conduisirent à un glissement de terrain de 270 millions de mètres cubes dans les eaux du lac de retenue du barrage. La vague gigantesque qui s'ensuivit fit 2 000 victimes, le 9 octobre 1963.

Séismes

Les séismes font partie des événements susceptibles de nuire à la stabilité des barrages.

Cependant, historiquement, les ruptures causées par des séismes sont particulièrement peu nombreuses comparées à celles dues à des défauts de conception.

En France, les grands barrages font l'objet d'une simulation informatique de comportement dans le cas du plus fort séisme historique connu dans la région (fréquemment estimé selon des documents anciens, mais n'allant pas bien au-delà de 500 ans à peu près). Ainsi le séisme de référence dans les Pyrénées est celui du 21 juin 1660, de magnitude estimée autour de 6 et dont l'intensité a été de IX à Bagnères de Bigorre). Un tel séisme causerait actuellement des dégâts importants dans les Hautes-Pyrénées, mais serait par conséquent supporté par l'ensemble des grands barrages.

Les ruptures les plus habituelles ont concerné des ouvrages en remblai de taille modérée, fabriqués avec des matériaux sableux ou silteux, ou fondés sur des sols de cette nature ; il peut en effet se développer dans ce cas un phénomène nommé thixotropie, qui fait perdre toute résistance au sable ou au silt saturé.

Le contrôle des barrages en France

La sûreté de fonctionnement des barrages est de la responsabilité civile et pénale de ses exploitants. Néanmoins, compte tenu du risque et de l'ampleur des conséquences potentielles, le domaine est contrôlé par des services d'État. Les barrages localisés dans les concessions hydroélectriques font partie du Domaine Public. Les DRIRE (division ENERGIE) sont en charge de la Tutelle de ces ouvrages appartenant à l'Etat et confiées par concession à un aménageur / exploitant. Les MISE (Mission Interservice sur l'Eau, au sein des DDAF) sont en charge des ouvrages réalisés et exploités sous le régime de l'autorisation.

Après la catastrophe de Malpasset, le Ministère des Travaux Publics a rédigé la circulaire n°70-15 du 14 août 1970, encadrant les missions des services de contrôles et les obligations des exploitants. Le ministère de l'Industrie a complété la circulaire "70-15" par une circulaire "BMI" (barrages de moyenne importance) le 23 mai 1995, applicable aux seuls ouvrages concédés. Parallèlement, a été créé le CTPB en 1963 (Comité Technique Permanent des Barrages), réunissant les plus grands experts français, et depuis 1992 les plus grands barrages sont soumis à un PPI (plan spécifique d'intervention) où sont analysés les risques (dont les séismes et les glissements de type barrage de Vajont).

Avec l'ouverture du marché de l'électricité et le changement de statut des principaux exploitants (EDF, CNR, SHEM) les circulaires devenaient inefficaces, et après réflexion commune une réglementation nouvelle a été définie par le décret n°2007-1735, reprenant en les accentuant les dispositions mises en place pour ausculter les barrages et analyser leur comportement.

En premier lieu, le début de l'année 2008 voit le classement de l'ensemble des barrages, hydroélectriques ou non, en 4 classes :

  • A pour les barrages de plus de 20m de hauteur au dessus du terrain naturel
  • B pour les barrages de plus de 10m et dont le rapport BMI est supérieur à 200
  • C pour les barrages de plus de 5m et dont le rapport BMI est supérieur à 20
  • D pour les autres barrages de hauteur supérieure à 2m

Ce rapport BMI = H2. V1/2, où H est la hauteur maximale au dessus du terrain naturel et V le volume (en millions de mètres cubes) retenu par le barrage, conjugue le risque (hauteur) et les conséquences d'une rupture éventuelle (Volume). Il a été introduit par André GOUBET, ancien président du CTPB, dès 1995 pour un élargissement du classement de l'époque, dont décembre 2007 est le dernier développement.

Démantèlement des barrages

Le démantèlement d'un barrage n'est pas affaire d'écologie, mais d'atteinte de la limite de vie du barrage, même si cela permet, en partie aux écodispositifs fluviaux de fonctionner de manière plus satisfaisante. L'investissement d'origine réalisé par le constructeur, toujours pour satisfaire un besoin de service public (eau potable, irrigation, électricité) avec des moyens de développement durable, n'ont pas vocation à être abandonnés ou détruits. On notera l'absence de financement de ces démantèlements pour l'usage piscicole (principalement de loisir), et l'absence de planification de moyens durables de remplacement de la production d'énergie ainsi perdue.

En France, le barrage de Poutès (Haute-Loire) pourrait ainsi être démantelé. Le premier barrage hydroélectrique à avoir été démantelé est celui de Kernansquillec à Plounévez-Moëdec dans les Côtes d'Armor. «En 1996, la démolition du barrage hydro-électrique, une première en France sur une rivière à saumons, a permis au paysage englouti de refaire surface» Source http ://www. riviere-du-leguer. com/pdf/35-LES_MOULINS_REMARQUABLES. pdf.

De même, parce que ne satisfaisant plus aux obligations de sécurité publique, le barrage du Piney (eau potable, maîtrise d'ouvrage communale) à St Chamond a été mis en sécurité en 2000 par percement d'un pertuis au pied du barrage.

Conséquences environnementales

Les grands barrages sont de puissant facteurs de fragmentation écologique pour les poissons migrateurs.

Un barrage peut développer 3 grands types d'impacts négatifs :

  • Fragmentation écologique, lorsque le barrage est un frein ou blocage à la migration d'espèces aquatiques. Il y a dans certains pays obligation depuis quelques années sur les ouvrages neufs (en France, sur les rivières classées "migrateurs" depuis la Loi "Pêche" n° 84-512 du 29 juin 1984) de créer des échelles à poissons. Celles-ci sont toujours rares sur les ouvrages anciens ou sur les rivières où la présence d'espèces migratrices n'est pas identifiée. Réciproquement, certains ouvrages sont équipés sans obligation, par la volonté de l'exploitant. Certaines échelles à poissons mal conçues ou mal construites peuvent se révéler peu efficaces.
    Le transport des poissons en camion est quelquefois la solution alternative retenue, par exemple sur la Garonne entre Carbonne et Camon, où l'enchaînement de cinq barrages importants aurait obligation des équipements onéreux, et un trajet particulièrement éprouvant pour le migrateur. Les poissons sont par conséquent "piégés" à une extrémité de la chaîne, identifiés et transportés par camion-citerne à l'autre extrémité.
  • Modifications hydrauliques. Le barrage bouleverse le débit naturel et saisonnier du cours d'eau, affecte le niveau des nappes et le transfert des matières en suspension et sédiments. Il a des effets différés sur les écodispositifs d'une vaste zone à cause de l'inondation de la zone amont, et de la forte modification du régime d'écoulement des eaux de la zone aval, mais aussi de la modification de la qualité des eaux génèrée par la retenue.
  • Modification des structures écologiques et facilitation des «invasions biologiques». Un écodispositif sub-naturel et plus ou moins équilibré se reconstitue dans ces zones plus ou moins rapidement (en l'espace d'environ 30 ans, l'écodispositif serait recréé à 99 %, y compris en aval dans les anciennes zones asséchées). Néanmoins, cet écodispositif n'est jamais semblable à celui d'origine : la disparition des courants en amont, et la particulièrement forte diminution du débit en aval, mais aussi la disparition ou le lissage des débits saisonniers provoque le plus souvent la disparition de certaines espèces autochtones.
    Qui plus est , une étude[2] publiée en septembre 2008 a confirmé aux USA que dans les bassins-versant, les milieux artificiels que sont les lacs de retenues étaient bien plus propices au développement d'espèces aquatiques dites “ invasives ” que les lacs naturels,
    Cette étude a cherché à corréler dans la région des grands lacs l'importance des invasions biologiques avec la physico-chimie de la masse d'eau, l'intensité et la nature des activités nautiques avec la distribution géographique de 5 espèces non autochtones[3] L'étude a montré que le risque d'invasion biologique est (pour la région des grands lacs) de 2, 4 à 300 fois plus élevé dans les lacs de retenue que dans les lacs naturels (vers 2005/2008). Ce risque a augmenté avec les temps, et la menace augmente pour les lacs naturels car l'augmentation du nombre de retenues touchées a presque partout diminué la distance entre eaux “contaminées” et eaux naturelles.
    C'est dans ce cas l'homme qui joue le rôle principal de colporteur et surtout selon Pieter TJ Johnson l'un des auteurs de l'étude, les activités de pêche et de nautisme qui facilitent la dissémination de nombreux organismes, dont la moule zébrée (accrochée sous les bateaux), les myriophylles invasif accrochés aux remorques porte-bateaux, et les éperlans arc-en-ciel et une écrevisses invasive qui a été utilisée comme appâts (aujourd'hui interdit).

Un lac de barrage peut avoir aussi quelques effets environnementaux positifs :

  • accueil d'oiseaux migrateurs, lieux de reproduction de certaines espèces aquatiques,
  • amélioration des conditions d'écoulement en étiage ; De plus en plus, les barrages hydroélectriques participent à un soutien d'étiage, donnant la possibilité une vie estivale de rivières d'autre part affectées par de nombreux prélèvements (autorisés ou non), de perfectionner le refroidissement des eaux, et la dilution des pollutions en aval.
    En France, depuis la même Loi Pêche de 1984, l'ensemble des obstacles sur les rivières françaises doivent obligatoirement laisser dans le cours d'eau 1/40 du module (moyenne de débit), et 1/10 pour l'ensemble des ouvrages neufs ou dont le titre est renouvelé. Pour mettre fin à cette situation inégalitaire (posant de nombreux problèmes de variation des débits sur un même cours d'eau), la nouvelle Loi sur l'Eau et les Milieux aquatiques[4] a fixé au 1er janvier 2014 la date limite de délivrance de 1/10 pour l'ensemble des ouvrages. Cette LEMA introduit cependant l'exception des barrages de haute chute, assurant le soutien du réseau électrique, auxquels le débit réservé pourra être limité à 1/20 (une liste devant être fixée par décret). De même, sur justification par une étude adaptée, le débit pourra être modulé sur l'année (régime réservé).
  • production d'énergie renouvelable, seule capable d'assurer sans production de gaz à effet de serre la variation de production imposée par le consommateur, avec restitution intégrale de l'eau après utilisation de son énergie potentielle.

Les barrages d'irrigation ou d'eau potable sont aussi construit pour apporter des bienfaits pour l'agriculture et l'alimentation en eau. Ces impacts doivent par conséquent être pesés tout comme les inconvénients portés au milieu aquatique ou à la pêche de loisir.

Le saviez vous ?

  • Le plus ancien barrage connu, d'une longueur de 115 m, fut construit dans la vallée de Garawi en Égypte vers 3000 av. J. -C.
  • Dès 560 ap. J. -C., l'historien byzantin Procope de Césarée faisait mention d'un barrage-voûte en amont en maçonnerie (barrage de Daras).
  • Le premier barrage-voûte moderne fut construit par François Zola, père d'Émile Zola, entre 1843 et 1859 près d'Aix-en-Provence.
  • Au XVIe siècle, les Espagnols réalisèrent de grands barrages en maçonnerie. Le plus remarquable fut celui de Tibi, à 18km au nord d'Alicante construit en 1594. Haut de 45 m, il est toujours utilisé.

Bibliographie

Notes et références

  1. mu par des vérins hydrauliques ou peut-être par deux treuils dans la mesure où les efforts sur le clapet sont toujours dans le même sens.
  2. [ http ://www. esajournals. org/perlserv/?request=get-abstract&doi=10.1890%2F070156 Résumé de l'étude ] “Dam invaders : impoundments facilitate biological invasions into freshwaters”, Pieter TJ Johnson et al., Frontiers in Ecology and the Environment, Volume 6, n°7, septembre 2008 (publiée par l'Ecological society of America, consulté 21 septembre 2008)
  3. Espèces choisies parce que reconnues comme particulièrement invasives en Amérique du nord et représentatives de 4 groupes d'organismes aquatiques (plante, crustacé, poisson, mollusque)  ; ce sont un myriophylle eurasiatique, la moule zébrée, un crustacé spiny water fleas (Bythotrephes longimanus), l'éperlans arc-en-ciel et une espèce introduite d'écrevisse. Cette étude a porté sur 4.200 lacs naturels et plus de 1.000 lacs de retenue (dans le Wisconsin et le Michigan
  4. "LEMA", Loi n°2006-1772 du 30 décembre 2006

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